Malik M’Tir, capitaine de la formation mulhousienne, revient sur sa longue carrière de footballeur et nous confie ses ambitions pour cette saison 2017/2018.
À 30 ans, on peut imaginer que tu as dû avoir une carrière bien remplie. Peux-tu nous parler de ton parcours ?
J’ai commencé le foot à l’âge de 5/6 ans dans le club de foot de ma ville (ndlr : Champigneulles, Meurthe-et-Moselle). Je n’y suis pas resté longtemps puisque j’ai vite été repéré pas l’AS Nancy Lorraine, le gros club de la région, où j’ai fais mes classes de 8 jusqu’à 13 ans. À partir de là, moi et ma famille avons dû déménager très loin de la Lorraine parce que mon grand frère a signé au Toulouse FC, j’ai dû arrêter mon parcours à Nancy.
Une fois là-bas, j’ai rejoins un club dans une petite ville à côté de Toulouse, Rodez. J’y ai passé le restant de ma formation là-bas (U15, U17 nationaux) et j’ai même eu la chance de rejoindre à plusieurs reprises le groupe de l’équipe première, qui évoluait à ce moment-là en National 1. J’ai joué mon premier match avec eux à l’âge de 18 ans, c’est le coach Régis Brouard (actuel entraîneur du Red Star) qui m’a lancé dans le grand bain. L’année d’après à vraiment été un torunant dans ma jeune carrière puisque je suis devenu titulaire indiscutable dans l’équipe première. Ils me faisaient confiance mais malheureusement le coach n’a pas finis l’année pour cause de mésentante avec les dirigeants, c’est un ancien joueur qui l’a remplacé. Ce dernier ne m’a pas retenu pour le restant de la saison.
J’ai dû chercher un nouveau projet, j’ai donc participé au championnat de France UNSS. Je me suis fait repéré en 2008 par le coach du SR Colmar, Dominique Lihrmann. Il m’a demandé si ça m’intéressait de rejoindre un club ambitieux qui souhaitait monter le plus vite possible (ndlr: le club évoulait alors en CFA 2). J’ai pris le risque de quitter la famille, les amis et de venir dans une nouvelle région avec un climat qui change du sud… L’année en CFA 2 a été compliqué puisque c’était une année d’adaptation, je n’ai fais par conséquent qu’une quinzaine de matchs cette année-là. Dès l’année où je suis arrivé au club, nous sommes de suite monté en CFA. Malgrè le changement d’entraîneur durant l’intersaison, plus le faite que je n’ai fais que que la moitiée des matchs la saison passée, ce dernier m’a laissé ma chance et m’a donné le titre de titulaire. On a fait une année fantastique, on a du finir 3ème ou 4ème. On est finalement monté l’année suivante en National.
Il y a eu cependant un changement de président et d’entraîneur. Je ne me suis pas entendu avec eux, sans oublier les problèmes dans la gestion du club que tout le monde connaît désormais. Malheureusement, je ne voulais plus rester à Colmar, les valeurs n’étaient plus les mêmes et je ne me retrouvais plus dans ce club. Je suis donc partis pour Fréjus Saint-Raphaël.
Quand je suis arrivé, l’équipe a été changée à 80 %, donc les débuts ont été très compliqués. L’entraîneur m’a confié le rôle de capitaine très rapidemment, les anciens du club l’ont mal pris et ça m’a mis en difficulté. De plus, l’entraîneur a quitté le navire en décembre et l’histoire se répète : ils ont pris l’entraîneur de la réserve qui était copain avec les anciens, j’ai été écarté du groupe la seconde partie de la saison…
Moi je voulais retourner dans la région, quand tu viens en Alsace, tu ne la quittes plus ! Donc du coup j’ai cherché des projets en Alsace, j’avais dans un coin de ma tête depuis plusieurs temps le FCM et j’ai vu qu’ils avaientt changé d’entraîneur (Franck Priou), je me suis permis de le contacter personnellement et il a été séduit par mon profil.
Arrivé au FCM, l’intégration s’est-elle bien passée ?
L’intégration s’est bien faite oui, les anciens de la maison comme Samir Kecha m’ont bien acceuilli et j’ai appris à connaître cette ville de Mulhouse que je ne connaissais pas bien, malgrè le fait que j’ai habité à Colmar pendant plus de sept ans. C’est vrai que je suis tombé amoureux de cet endroit, c’est une ville cosmopolite et on se sent super bien. C’est une petite ville qui a tout d’une très grande.
Nouvelle saison, nouveau projet, nouveaux joueurs … Comment tu vois tout ça ?
Quand je suis arrivé en été 2016, je dois reconnaître que le club était en quelque sorte à la dérive, on ne savait pas où l’on allait, je ne voyais pas beaucoup de choses de positives… Mais avec l’histoire que possède ce club, il ne pouvait ne pas mourir, et c’est vrai que lorsque M. Allen est venu avec un projet neuf et ambitieux, nous sommes passés dans une autre dimension malgrè le faite que l’on descende en National 3. J’ai la chance d’en faire partis, c’est un club où je m’y retrouve pleinement car l’ambiance est très familiale. Nous avons de grandes ambitions et maintenant nous connaissons nos objectifs, il ne reste plus qu’à les atteindre !
D’autre part, on améliore nos automatismes tous les jours avec l’aide du staff technique. L’entraîneur nous apprend le football à l’espagnol, c’est très enrichissant. Même à 30 ans il m’a réappris à jouer au foot, je ne joue pas comme je jouais il y a 6 mois. Comme quoi, il n’y a pas vraiment d’âge pour progresser… ! Je vois l’équipe vraiment forte et solidaire, que ce soit sur le travail offensif pour marquer des buts et le travail défensif : on travail tous ensemble et dans le même sens, et c’est ça le plus important aujourd’hui.
Quels sont tes objectifs cette année ?
Mon objectif à moi est de réaliser le plus de passes décisives possible, de faire marquer mes coéquipiers et de contribuer au maximum à l’effort collectif. Concernant l’objectif du club, tous le monde le sait, et on ne se le cache pas : c’est de retrouver le National 2 dès l’année prochaine.
Le chemin ne sera pas facile, et l’on va être attendu de partout. Sur notre terrain du stade de l’Ill, toutes les équipes vont venir pour essayer de renverser l’équipe favorite du championnat. Les supporters mulhousiens, qui ont trop souvent été déçus, nous attendent au tournant pour cette saison. Après, je pense que l’on a les épaules assez solides pour pouvoir supporter cette pression.
Par ailleurs, faire un gros parcours en Coupe de France serait un gros plus. Mon rêve aujourd’hui est de voir ce stade de l’Ill plein, qu’on joue face à une grosse équipe de Ligue 2 ou de Ligue 1, et bien évidemment de la battre pour montrer à tous le monde que le FC Mulhouse n’a pas sa place en National 3.
Entre les trois joueurs espagnols, le coach et le préparateur physique, la communication dans le groupe n’est-elle pas compliquée ?
Je pensais qu’elle allait être difficile mais lorsque l’on parle football, on parle tous la même langue. Il n’y a vraiment pas de problèmes par rapport à ça, et puis franchement ce n’est pas difficile de se comprendre. Oriol, notre préparateur physique, est très important parce que c’est lui qui fait la traduction, sur le terrain et en dehors. Ensuite on aide les joueurs espagnols dans l’apprentissage de la langue. Cette équipe est à l’image de cette ville : elle est cosmopolite.
Parlons maintenant de ton rôle de capitaine, que tu tiens depuis janvier 2017…
Le rôle de capitaine est à la fois gratifiant et très compliqué. C’est moi qui fait le lien entre la direction et les joueurs, le coach et mes coéquipiers. Je dois essayer d’intégrer au mieux les nouveaux pour qu’ils se sentent le mieux possible à l’aise. J’ai aussi un rôle d’encadrement des jeunes, les mentalités ont beaucoup changé. À mon époque, nous étions patients et nous respections nos ainés. Toutefois, ça reste des bons jeunes qui veulent apprendre et qui se donne les moyens pour réussir. Il faut avoir le bon mot au bon moment, avoir un discours qui s’adapter
Capitaine, ce n’est pas qu’avoir un brassard et jouer des matchs, c’est bien plus que ça. J’ai la chance d’avoir un groupe qui m’aide dans ce rôle là. Certains me considèrent comme un amis voir comme un grand frère, et c’est ce que je recherche vraiment.
L’infirmerie du FCM tourne à plein régime en ce début de saison… le banc est-il assez fournis pour pouvoir palier ses absences ?
C’est vrai que c’est toujours embêtant de perdre des joueurs cadres. “L’avantage” dans ce malheur c’est que ça va donner l’occasion aux jeunes de se dévoiler et, comme je leur ai dit, cette opportunité vous n’allez l’avoir que deux fois dans la saison. Si vous ne la prenez pas tout de suite, il va falloir attendre le prochain train, qui peut mettre du temps à arriver de nouveau. Mais comme je l’ai dit, j’ai confiance en eux car c’est des jeunes qui se donnent à 200%.
As-tu déjà pensé à ton après-carrière ?
C’est vrai qu’à 30 ans, tu penses plus à l’après football que quand t’avais 20 ans (rires). Ça fait plus de 25 ans que je joue au football. Je m’y prépare doucement, je suis sur quelques projets actuellement. J’ai ouvert un salon de coiffure au centre-ville. La mode c’est quelque chose qui me plait beaucoup, il n’y a pas que le football dans la vie !
Je pense aussi a être entraîneur, et j’ai d’ailleurs envie d’évoluer dans ce club, même après ma carrière de footballeur. C’est pour ça que je coach cette année l’équipe féminine (ndlr: Entente US Azzurri / FCM), je prend beaucoup de plaisir a être sur le banc, c’est une autre facette du football. Ce sont des filles qui ont soif d’apprendre, et j’essaye au mieux de leur transmettre mon expérience. Je vois la progression de jour en jour, semaine en semaine. En quelques mois, nous avons réussi à se faire un nom en Alsace, les équipes féminines nous prennent au sérieux. Alors oui, certes, il y a moins de duels et c’est moins rapide, mais c’est beaucoup plus technique et c’est plus propre dans les passes et les frappes.
Crédit photos : Ligue de Lorraine